12 novembre 2019 – Témoignage par Iris Di Rosa
« Quand j’entends des gens me dire, que les violeurs peuvent aller voir les prostituées, comme ça ils peuvent évacuer leurs « frustrations », et que cela évite qu’ils violent une femme;
Ce que j’entends dans vos paroles c’est que moi je suis une femme violable. Moi je suis le défouloir du violeur. Moi, je suis celle qu’on peut violer, qu’il est acceptable de violer, qu’il est légal de violer, quand vous, vous ne l’êtes pas.
Pourquoi ? Vous pensez que mon cerveau ne ressent pas la violence ? Que mon corps ne ressent pas le crime d’une relation achetée, manipulée, comme vous ? Mon cerveau ne marche donc pas comme le votre ? Il accepte mieux les coups et les violences ? Et par quel miracle croyez vous que mon corps est plus résistant que le votre à voir passer plusieurs bites par jour pour pouvoir manger demain ?
Un coup vous osez me dire que c’est un métier et non un viol, pour me dire le lendemain que cela évite le viol des violeurs parce qu’ils viennent me violer moi ? Vous vous foutriez pas un peu de ma gueule Messieurs Dames ?
Un job vous dites ?
Depuis quand je dois considérer les viols à répétition que je subis comme du sexe ? Depuis quand c’est à vous de décider de la façon dont je perçois cette activité criminelle, mon vécu, mes blessures ? Depuis quand c’est à vous de me nommer avec vos mots et vos termes de proxénètes[1] ? Depuis quand un violeur qui viole cherche une relation sexuelle ? Depuis quand ces mecs qui ne vivent que de la soumission d’une femme, excités par le crime, excités par la peur, excités par le sang, excités par le pouvoir, cherchent du sexe ?
Parce que ce sont vos maris, vos oncles, vos frères, vos fils, vous avez du mal à les imaginer comme violeurs ? Alors je vous le dis, ce sont des violeurs, leur crime est marqué à jamais sur mon corps et dans ma tête !
Vous avez conscience que ce sont des violeurs, et vous acceptez que je sois violée.
Je suis tuée 2 fois dans ce cas là. Par lui et par vos mots. »
M. – Survivante en lutte
[1] Vocabulaire du proxénétisme démocratisé et rejeté par les survivantes comme M.
TDS : « Travailleuse du sexe », mot qui banalise l’activité criminelle comme un travail, au dépend de celles qui le considèrent comme du viol répétitif.

CHONG Kim : « Je ne suis pas une travailleuse du sexe, je suis une survivante. Je représente beaucoup d’autres femmes. J’ai survécu à la maltraitance, à la déchéance et à la violence de la prostitution. Je veux partager mon histoire avec celles qui sont encore piégées dans la brutalité de la prostitution. Les femmes méritent de vrais choix. Pas le choix entre un bordel et un service d’escorte.

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