La face cachée de Wyylde

Qu’est-ce que Wyylde ?

Wyylde est un site porno-prostitutionnel. Il se présente comme un site libertin, mettant en relation et organisant les rencontres et soirées entre “pratiquants”.

Après quelques recherches, nous avons découvert que Wyylde est le concurrent officiel de Jacquie et Michel, une “entreprise” porno française accusée de proxénétisme aggravé, traite d’êtres humains aggravée, torture et barbarie.

N.B. : Toutes les images en lien sont accessibles sans abonnement. Nous avons naturellement censuré les photos.


Libertin ? Pas du tout. Si vous écoutez les survivantes de la porno-prostitution, vous apprendrez que les sites et milieux libertins constituent une porte d’entrée vers les réseaux de prostitution. Beaucoup de survivantes attestent avoir démarré ainsi.

Nous reviendrons un autre jour sur une critique féministe du libertinage. Vous pouvez toujours lire nos posts sur le BDSM et le polyamour.

Après avoir levé le voile sur la prétendue “liberté sexuelle” promue par Wyylde, nous avons découvert que ce site, anciennement Netechangisme, est un instrument du proxénétisme, servant de plateforme aux femmes victimes de prostitution – tout comme peut l’être Onlyfans. Et d’ailleurs, pourquoi ce changement de nom ? Une stratégie marketing efficace, destinée à effacer le terme “échangisme”, très marqué en raison des nombreux scandales liés au proxénétisme et à l’exploitation sexuelle des femmes. Quoi de mieux que de choisir un nouveau nom à l’anglaise pour séduire un public toujours plus jeune et transformer une pratique spécialisée, dont les dérives et dangers ne sont plus à démontrer, en un fantasme soit-disant mainstream, acceptable, fun, “wild”. Inoffensif et Libéré, Wyylde ? Ne vous laissez pas duper par leur nouveau branding. La protection des femmes et des mineur.e.s n’est pas assurée sur cette plateforme : d’après plusieurs témoignages, aucune modération des profils ni du site ne semble être mise en place. Autrement dit, tout en s’abritant derrière une charte éthique fantoche – comme tous les sites pornos – Wyylde tire ouvertement bénéfice du système d’esclavage des femmes.


Plus nous enquêtons et plus nous découvrons des affaires de proxénétisme de mineures. Parmi les nombreuses alertes, une affaire, impliquant un magistrat récemment traduit en justice, a notamment fait l’objet d’une large couverture médiatique : lire par exemple les articles de Mediapart, du Monde, ou de France Info. Et Wyylde ne se borne pas à une présence sur internet et les réseaux sociaux. Le site a lancé en 2022 une campagne de publicité massive dans les journaux mais également dans l’espace public, avec de larges affiches dans la rue, sur les abribus et dans le métro.

Une promotion agressive de leur plateforme, qui banalise leurs messages sur l’échangisme et l’hypersexualisation des femmes. L’espace public et les transports étant ouverts à tous, les enfants ont été exposés et ont pu découvrir cette plateforme, son nom et son objectif. Or, un simple clic sur leur site, suivi d’une inscription très facile (une adresse mail suffit, aucun justificatif d’identité n’est demandé) permet d’accéder à du contenu pornographique explicite et ultra violent : des images sur des profils montrant des sexes en érection, des femmes pénétrées ;  des groupes pour organiser des viols collectifs sur des aires d’autoroutes ou des soirées à thème raciste. On est loin, très loin, de la pseudo “partie de plaisir” promise par le site sur ses publicités, à coups de sourires et de couleur rose bonbon.


Sur les réseaux sociaux, Wyylde joue sur plusieurs créneaux pour accroître son influence et toucher un public de plus en plus large. 

Il assure naturellement sa publicité dans son milieu quasi natif, la pornographie. Nous découvrons ainsi que l’une des femmes faisant la promotion de ce site via un podcast est une effigie de Jacquie et Michel (Anna Polina), leur concurrent. 

Plus récemment, Wyylde a étendu ses ramifications dans l’univers des comptes sexo créés par des femmes, via des partenariats rémunérés. Ces comptes, qui se définissent comme pédagogiques, libérés, voire féministes, sont perçus par leurs abonnés – des femmes et des jeunes filles, principalement – comme des espaces protégés. De manière insidieuse, Wyylde peut ainsi profiter d’une publicité positive auprès d’elles, déjouer leur méfiance et se faire connaître, tout en continuant de construire le mythe d’une plateforme sexuellement “décomplexée”.

C’est de cette façon que Wyylde a progressivement fait son apparition dans certaines sphères libérales se réclamant du féminisme ou affichant un discours soit-disant “sex positive”, mais également dans les cercles de féministes radicales. C’est aussi de cette façon que nous en avons entendu parler. Nous tenons d’ailleurs à présenter nos profondes excuses aux femmes et aux survivantes que nous avons peut-être indirectement influencées, en suivant et partageant des comptes que nous pensions safe. Nous aurions dû être plus vigilantes. 


Car nous le disons et le redirons toujours : les prétendus sites “libertins”, comme Wyylde, sont des pièges pour les femmes et des passerelles évidentes vers la porno-prostitution. On y trouve des hommes qui inventent une tendance bisexuelle à leur femme pour réaliser leurs fantasmes. On y trouve aussi des hommes qui y forcent femmes et conjointes ou qui les manipulent pour qu’elles acceptent des pratiques qu’elles jugent a priori inacceptables.
Wyylde fait aussi beaucoup de promotion autour du candaulisme. Le candaulisme, c’est l’acte “d’OFFRIR” son ou sa partenaire à d’autres. Il s’agit non seulement d’une pratique réifiante, mais qui repose sur une hypocrisie. Ne vous y trompez pas : ce sont en réalité les femmes qui sont généralement offertes, échangées, traitées comme des marchandises.

Contrairement à sa présentation officielle, Wyylde n’est pas qu’un simple site de rencontres entre “libertins”. A l’image des sites pornographiques, les profils sont triés selon la couleur de peau et de poids. On peut y naviguer au moyen de catégories, comprenant bien sûr le BDSM, le gang bang, le hard… mais aussi le cam sex, avec la diffusion de vidéos en direct “d’exhibitionnistes”, dont certaines sont mineures – une copie des camgirls des sites porno.

Wyylde n’a rien à envier à Jacquie et Michel.


Il est très clair pour nous que les femmes restant sur ce site sont déjà très aliénées par la culture porno – et pour certaines, sont victimes d’un engrenage prostitutionnel.
Plusieurs témoignages relatent la dangerosité du site pour les femmes, en particulier pour  les femmes seules.

Ce que recherchent les hommes sur Wyylde n’est pas différent, dans la pratique, de ce qu’ils recherchent dans la prostitution : un moyen de pénétrer et de soumettre quand ils veulent, comme ils veulent. La seule différence, c’est que sur Wyylde, l’homme paye son abonnement et la victime le paye aussi. Les femmes cherchant des relations libres, les hommes cherchant des putes.


Notre position au sujet de Wyylde

Le 13 octobre 2022, nous avons partagé un premier post sur notre page facebook dans lequel nous expliquons devoir prendre une position radicale, non pas seulement en ce qui concerne Dora Moutot, mais aussi en ce qui concerne Marguerite Stern, qui travaille très activement avec elle depuis plusieurs mois, en connaissant ce partenariat. Sa réponse en storie a été de traiter les survivantes qui demandaient des comptes “d’ados ingrates”, de “jalouses” et une femme de “sale sangsue”.

A la suite de cette insulte et de son positionnement clair pour Dora, 2 survivantes et 2 autres femmes ont demandé à Marguerite le retrait de leur podcast réalisé avec elle. Sans aucune réponse à ce jour.

Le post de CAPP sur facebook :

Dernièrement, Marguerite Stern avec qui nous avons quelquefois travaillé par le passé a choisi de renforcer son association avec Dora Moutot, autre figure très médiatisée assimilée à tort au féminisme radical du fait de ses prises de positions contre le transactivisme.
👉Or, depuis maintenant 5 mois, Dora Moutot fait activement la promotion d’un site (Wyylde) porno-prostitutionnel sur son compte Tasjoui, suivi par un demi-million d’abonnés, dans le cadre d’un partenariat rémunéré.
👉Nous sommes profondément choquées. Choquées du degré de violence et de dangerosité de ce site, que les posts de @Tasjoui font passer pour un divertissement rigolo et sans risque auprès des femmes qui croient suivre un compte féministe.
👉Choquées aussi de l’absence de réaction, sinon par le mépris, de celles que nous croyions sincères dans leur engagement abolitionniste.
👉C’est absolument intolérable et nous refusons catégoriquement d’avoir le moindre lien qui nous relie à cela.
👉Nous estimons que ces derniers faits ont piétiné les valeurs de base du féminisme auquel nous croyons, les valeurs de base du féminisme radical.
Cette situation nous rend aussi tristes qu’elle nous met en colère, c’est une terrible déception.
🚩A l’heure où le lobby-proxénète est plus puissant et agressif que jamais à l’encontre des survivantes qui osent le dénoncer, nous ne pouvons pas accepter de réaction tièdes ou mitigées de la part des féministes abolitionnistes.
Aucun compromis n’est possible. Ce silence ou cette tiédeur, nous les vivons comme une marque d’indifférence face aux crimes de l’industrie porno-criminelle et un forme de mépris vis-à-vis des survivantes.
Cette situation nous met en danger. Le silence ne peut être neutre. Il profite aux criminels.
Et parce qu’aucun compromis n’est possible avec l’exploitation sexuelle des femmes, Daria et Rose ont demandé le retrait de leurs témoignages dans la série de podcasts de Marguerite Stern sur les survivantes.

– Les membres de CAPP

A la suite de cela, dans les commentaires de notre post, cela a été au tour des Amazones de s’attaquer à nous, nous réclamant de restituer un don fait par Marguerite à notre collectif il y a un an. Un don de 1000 euros.

Le coup de massue de trop qui nous a fait réaliser que notre alliance était maintenue par un pot de vin qui apparemment aurait dû nous empêcher tout futur désaccord et une allégeance obligatoire auprès de ces femmes. Nous, femmes achetées toute notre vie, une nouvelle fois reifiées.

Ce don ayant été fait à Daria Khovanka, survivante et membre de notre collectif, elle a tenue à répondre elle même à cette attaque honteuse :

C’est pourquoi j’ai demandé à Marguerite Stern de retirer mon témoignage de sa série de podcasts sur les survivantes, car je refuse d’être associée à ses récentes prises de positions auprès de Dora Moutot. Rose lui a également écrit pour demander le retrait de son épisode, ainsi que deux autres jeunes militantes qu’elle a enregistrée. Aucune d’entre nous n’a reçu de réponse à ce jour.

Hier, comme si tout cela n’était pas déjà suffisamment pénible, une militante dont je me sentais assez proche jusque-là a mis en cause publiquement l’intégrité de CAPP en représailles de notre positionnement sans concession concernant cette affaire. Cette accusation ne peut rester sans réponse.

Cela concerne un don de 1000 euros que Marguerite Stern a fait à CAPP l’année dernière, qu’elle même avait reçu d’une alliée féministe. Elle nous a assurées à ce moment là que ce don était purement désintéressé et que nous pouvions l’utiliser comme bon nous semblait, sans lui devoir quoi que ce soit en échange.

Or, quelques minutes après que CAPP a annoncé sa désolidarisation de Marguerite Stern et ma demande de ne plus faire partie de ses podcasts, l’une de ses alliées ( membre des amazones paris soutenue par ses collègues) réagit en exigeant que nous rendions l’argent de ce don. Dans son message, elle ne précise pas de quoi il s’agit et redouble son accusation avec une story ambiguë qui sous-entend que nous pourrions bénéficier financièrement du partenariat que nous dénonçons, ou tout du moins, que nous aurions quelques casseroles dissimulées quelque-part.

Que devons nous en déduire? Que ce don était en fait un moyen de s’assurer notre silence en cas de désaccord avec elle ? Dans ce cas, d’autres ont été plus avisées que nous, puisque avant de nous proposer cet argent, elle l’avait offert à un autre groupe de femmes qui avait refusé par crainte de perdre son autonomie. Heureusement, il se trouve que j’ai personnellement mis de côté cet argent et que nous ne l’avons pas encore utilisé. Je m’engage donc à faire un virement à Marguerite Stern dans les jours qui viennent afin de lui rendre ce cadeau empoisonné, à condition qu’elle en fasse la demande ouvertement et qu’elle dépublie les témoignages des femmes qui le lui ont demandé.

Avec CAPP, nous pouvons être accusées de beaucoup de choses mais pas de transiger avec nos valeurs. Cette intégrité nous coûte. Nous travaillons bénévolement à longueur d’années, et nous récoltons rarement autre chose que de la haine et du cyberharcèlement.

Je suis d’autant plus estomaquée que cette attaque vient d’une femme avec qui nous avons travaillé dans l’accompagnement de victimes de proxénétisme, et que nous avons laissée entrer dans notre intimité. Cette femme sait que je suis la membre de CAPP qui dispose du revenu le plus élevé, et que malgré tout je ne peux pas me loger autrement que dans un HLM insalubre. Elle sait également que j’ai hébergé et en partie pris en charge financièrement des victimes de traite, sur le peu de ressources dont je dispose, faute d’autres solutions.

Nous recevons très peu de dons, surtout parce que nous souhaitons préserver notre liberté de parole et d’action. Nous avons accepté celui-ci parce que nous avions confiance en la sincérité de l’engagement abolitionniste de sa donatrice. Cette confiance a été piétinée, et nous en sommes d’autant plus attristée que cela remet en question tout le travail accompli par le passé avec ces militantes.

Je ne veux pas nier qu’elles ont été présentes sur des actions, qu’elles ont pris des risques à nos côtés et qu’elles nous ont parfois aidées. Nous avons partagé une intimité, et j’en profite pour dire que je n’utiliserai jamais les informations privées dont je dispose sur ces femmes pour les mettre en danger ou les intimider.

La seule réaction des proches de Dora Moutot suite aux révélations sur ce partenariat a été d’accuser les femmes d’être jalouses ! ça en serait drôle si cela n’était pas aussi affligeant et rabaissant. Il n’y a absolument rien dans leur vie que je puisse envier. Je suis très peu présente sur les réseaux sociaux, je préfère largement rester dans l’ombre du travail de terrain, bien ancrée dans la vraie vie et auprès des femmes pour qui je me bat. Je ne me suis jamais rêvée en influenceuse.

Je terminerai en disant que je n’ai aucune animosité personnelle, mais que je ressens une profonde déception, et un profond découragement face à la facilité avec laquelle les valeurs abolitionnistes sont massacrées par certaines. Il me faudra du temps pour digérer cette trahison, qui me montre une fois de plus à quel point les femmes brisées par l’industries porno-criminelle sont facilement effacées de la conscience des opportunistes, quelle que soit l’étiquette idéologique dont ils ou elles se revendiquent.


A la suite de cela beaucoup de féministes ont attendu en vain un communiqué, un post explicatif. Il n’en est rien. Il n’en sera jamais rien. Nous avons été bloquées.
Nous avons décidé de rompre tout lien avec les femmes qui font du buzz sur nos vies et nos histoires, quand dans la réalité elles nous méprisent. Nous réalisons bien tard que leurs démarches n’étaient pas sincères. Nous sommes profondément blessées par cette situation et par ces actes.


Vous pouvez soutenir notre collectif avec un don mensuel sur la plateforme TIPEEE : https://fr.tipeee.com/collectif-capp


NOS ARTICLES :

Publié par COLLECTIF CAPP

Collectif de survivantes de la porno prostitution et de féministes radicales.

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