ALLEMAGNE : « On baise sans capote, on s‘en fout du corona »

De la survivante et militante allemande Huschke Mau, Mars 2020 :

 » On baise sans capote, on s‘en fout du corona »

peut-on lire dans un forum de clients, en réponse à une question sur la fréquentation de prostituées en temps d‘épidémie de corona.

Si vous vous demandez ce qu‘échangent entre eux les clients de prostituées sur les forums dédiés, je suis allée voir, et en tant que survivante de la prostitution cela m‘est particulièrement douloureux.

Voilà ce qu‘on y trouve :

Les clients qui ont encore quelques neurones ont arrêté pour se protéger (pas pour protéger les femmes).

Ceux qui restent sont de vrais cinglés, ceux qui déjà avant l‘épidémie s‘efforçaient d‘obtenir « tout sans », c‘est à dire toutes les pénétrations non-protégées (ce qui est interdit depuis la loi de protection des prostituées de 2017), ceux pour qui ce n‘est pas un problème de recourir à la violence.

Ceux qui aiment les prostituées forcées par la pauvreté ou sous contrainte, qui les laissent faire tout ce qu‘ils veulent parce qu‘elles ne peuvent fixer aucune limite, que ce soit par nécessité économique ou par peur de leurs proxénètes.
Justement ces femmes sont les plus vulnérables en ce moment, parce que malgré la fermeture des bordels et l‘interdiction de la prostitution à cause de l‘épidémie, elles ne peuvent pas arrêter. Soit elles ne peuvent pas se le permettre car si elles ne se prostituent pas aujourd’hui elles n‘auront rien à manger demain, soit leurs proxénètes ne les laissent pas arrêter.

Les clients exploitent sans vergogne cette situation pour exiger des pratiques qui mettent tout le monde en danger. Maintenant qu‘elles ont si peu de clients, les prostituées n’ont pas le choix d‘accepter ou non un client violent. Les clients s‘en réjouissent : ils peuvent donner libre cours à leurs fantasmes violents en étant presque sûrs de ne pas se heurter à de la légitime défense, à l‘interruption du rapport, ou à un rejet.

C‘est une situation incroyable. Que la prostitution n‘existe pas, ce serait souhaitable, mais que la prostitution soit interdite, c‘est épouvantable. Celles qui paient des amendes si elles se font prendre ce sont naturellement les femmes. Leur punition, pour avoir voulu survivre.
C‘est tellement injuste de punir des gens qui n‘ont aucune option, qui sont tout en bas de l‘échelle, qui ne veulent que survivre. Ceux qui mettent la vie d‘autrui en danger ce sont les clients. Ce sont eux qui doivent être punis s‘ils contreviennent à la politique de « pas de prostitution en temps d‘épidémie » du gouvernement !

Et ce dont nous avons besoin ce sont enfin des espaces sécurisés pour les femmes dans la prostitution, un hébergement, une sécurité alimentaire, une aide financière pour qu‘elles puissent enfin se permettre d‘arrêter.

Huschke Mau


Traduction par Florence Humbert

Publié par COLLECTIF CAPP

Collectif de survivantes de la porno prostitution et de féministes radicales.

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