Publié le 10/9/2003, sur le site de Media Watch, publié dans Sinister Wisdom #50, Summer/Fall 1993 pages 29-37. Traduction par Iris Di Rosa.
1. La douleur est un plaisir ; l’humiliation est agréable ; la servitude est une libération.
2. Le sado-masochisme est amour et confiance, pas domination et anéantissement.
3. Le sado-masochisme n’est pas raciste ni antisémite, même si nous « agissons » comme les propriétaires d’esclaves et les Africains réduits en esclavage, les nazis et les juifs persécutés.
4. Le sadomasochisme est consensuel ; personne n’est blessé s’il ne veut pas l’être. Personne n’est mort à la suite de « scènes » sadomasochistes.
5. Le sadomasochisme ne concerne que le sexe. Il ne s’étend pas au reste de la relation.
6. La pornographie sadomasochiste n’a aucun rapport avec la société sadomasochiste dans laquelle nous vivons. « Si ça fait du bien, il faut le faire ». « Nous créons notre propre sexualité ».
7. Les lesbiennes « adeptes du sadomasochisme » sont féministes, dévouées aux femmes et constituent une communauté lesbienne exclusivement féminine. La pornographie lesbienne est « par les femmes, pour les femmes ».
8. Puisque les lesbiennes sont supérieures aux hommes, nous pouvons « jouer » avec le sadomasochisme d’une manière libératrice que les hétérosexuels ne peuvent pas.
9. La reconstitution de la violence guérit de la violence. Le sadomasochisme guérit les blessures émotionnelles causées par les agressions sexuelles subies dans l’enfance.
10. Le sado-masochisme est une dissidence politique. Il est progressiste et même « transgressif » en ce sens qu’il enfreint les règles de l’idéologie sexuelle dominante.
Bien que ses défenseurs actuels le formulent comme une question de libération sexuelle, de droits des minorités ou même de guérison, je considère que le sadomasochisme lesbien est avant tout une question d’éthique féministe. Je pense que les lesbiennes qui adoptent le sadomasochisme, que ce soit en théorie ou en pratique, soutiennent les forces vives du patriarcat.
« Les symboles, le langage et le style du sadomasochisme lesbien chic sont les symboles, le langage et le style de la suprématie masculine : violation, impitoyabilité, intimidation, humiliation, force, moquerie, consumérisme ». (De Clarke, 1993).
Choisir le sadomasochisme, compte tenu de notre oppression, est un acte de profonde trahison. Les idées dont je parle ne sont pas nouvelles (voir les références à la fin de cet article), mais j’espère qu’elles constitueront un résumé utile qui pourra être utilisé par les féministes pour constater que la plupart des affirmations des sadomasochistes sont tout simplement fausses.
Mensonge n° 1 : la douleur est un plaisir, l’humiliation est agréable, la servitude est une libération.
C’est le plus gros mensonge. Si nous sommes vulnérables à ce mensonge, c’est en partie parce que beaucoup d’entre nous ont été élevés avec des notions religieuses selon lesquelles la punition est de l’amour et la souffrance de la rédemption.
Une jeune connaissance qui faisait partie d’une équipe d’aviron m’a montré un t-shirt sur lequel était écrit : « Ce qui ne me tue pas me rendra plus fort » : « Ce qui ne me tue pas me rend plus fort » (Nietzsche). En tant que femmes, on nous apprend que l’amour est un dévouement désintéressé, quelle que soit la douleur subie. Nous croyons que l’amour est une souffrance parce que nous continuons d’être blessées. On apprend aux femmes à ne pas croire leurs sens ou leur intuition. On nous apprend à croire que la douleur, la souffrance et l’humiliation sont des défis que nous devrions relever parce qu’ils nous apprennent les choses importantes de la vie. Après cela, que ne peuvent-ils pas nous faire, à quoi ne peuvent-ils pas nous acclimater ?
Nous avons appris à « consentir » à la subordination, nous en sommes même culturellement captivées. Si les chaînes et le collier représentent la rébellion et le « contrôle », alors Madonna est notre Barbie « rebelle » et Ted Bundy son Ken. (extrait de Morgan, 1993).

Mensonge n°2 : Le sado-masochisme est une question d’amour et de confiance, et non de domination et d’anéantissement.
Le sadomasochisme a à voir avec l’anéantissement. Contrairement à la légende populaire selon laquelle le sadomasochisme élargit la sexualité, je pense qu’il restreint et finit par détruire l’être sexuel. La subordination, l’humiliation et la torture sont autant de moyens de détruire délibérément le « moi ».
J’ai récemment lu un article sur la façon dont le patriarche texan Koresh, a mêlé « sexe, violence, amour et peur » pour contrôler les membres de sa secte. Ces techniques ne sont pas nouvelles ; il y a longtemps que l’on fait du mal aux autres au nom de l’amour, de la religion ou de la politique. Le sadomasochisme lesbien d’aujourd’hui est habillé d’un nouveau manteau : le manteau du « choix de style de vie », de la « minorité opprimée », de la « libération sexuelle ».
Bien que la violence me retourne l’estomac, j’apprécie la franchise de Jan Brown qui coupe court à la rhétorique libérale sur les délices du sadomasochisme et va au cœur du problème. Dans un article paru dans Outlook en 1990 et intitulé « Sex, Lies and Penetration, a Butch Finally ‘Fesses Up », Brown écrit :
« Le sexe doux, passif, égalitaire ne nous émeut pas. Vous vous souvenez quand nous avons insisté sur la simple différence entre le fantasme et la réalité ? Eh bien, nous avons menti. Le pouvoir ne réside pas dans la capacité à contrôler l’image violente. Il réside dans le désir d’être dominé,me, forcée, blessée, utilisée, réduite à l’état d’objet. Nous nous branlons sur le violeur, le Hell’s Angel, le papa, le nazi, le flic. Nous rêvons d’avoir le sang de quelqu’un sur les mains, de rire des appels à la pitié. Parfois, on veut s’abandonner aux mains de l’étrangleur. Nous voulons avoir la liberté d’ignorer le « non » ou de voir notre propre « non » ignoré. «
Mensonge n° 3 : Le sadomasochisme n’est pas raciste et antisémite, même si nous « agissons » comme les propriétaires d’esclaves et les Africains réduits en esclavage, les nazis et les juifs persécutés.
Mon silence sur le sadomasochisme lesbien a pris fin lorsque j’ai vu deux sadomasochistes antisémites lors d’un festival de femmes. Une femme qui portait une kippa était promenée comme un chien avec une chaîne autour du cou par une femme en « cuir » nazi. Lorsque j’ai protesté, la femme en cuir m’a poliment écoutée et a accepté de retirer ses propres insignes nazis et la kippa de sa captive. J’ai eu l’impression qu’elle n’avait jamais envisagé les implications politiques, c’est-à-dire l’antisémitisme, de la « scène » qu’elle jouait. S’identifier à un nazi (son uniforme) dans n’importe quel contexte, c’est s’identifier non seulement à un sadique sexuellement dominateur, mais aussi à quelqu’un qui hait les Juifs, qui veut que les Juifs souffrent et soient anéantis.
Se faire passer pour un Juif (portant une kippa), enchaîné avec une laisse, ce n’est pas seulement s’identifier à un masochiste sexuellement soumis. C’est aussi embrasser l’humiliation et la torture des Juifs sous l’antisémitisme nazi : c’est le.a Juif / Juive qui est blessé.e, et voyez comme il elle aime ça.
Certains journaux homosexuels libéraux « censurent » les annonces du KKK, mais continuent de publier des annonces personnelles de lecteurs à la recherche d’esclaves sexuels noirs, latinos ou asiatiques. Le racisme leur semble plus acceptable s’il est érotisé. D’une certaine manière, l’humiliation, le sadisme et la torture du racisme et de l’antisémitisme deviennent acceptables s’ils sont érotisés. La torture a toujours une composante sexuelle. Si une féministe radicale interpellait le même journal sur la question du sadomasochisme, nous serions traitées de « censeurs ». La question de la censure est utilisée pour nous intimider et faire taire le dialogue critique sur le sadomasochisme.
À LIRE : Nazisme, sadisme, érotisme – les origines de la nazi sexploitation




Mensonge n° 4 : le sadomasochisme est consensuel ; personne n’est blessé s’il ne veut pas l’être. Personne n’est mort à la suite de « scènes » sadomasochistes.
« C’est l’accent mis sur le désir de la victime qui distingue le sadomasochisme de l’agression. » (Califia, 1992)
Est-il acceptable de consentir à sa propre humiliation et à sa propre victimisation ? Je ne le pense pas. Ce n’est pas parce que nous « consentons » à la domination ou à la violence qu’il n’y a pas d’oppression. « Une femme qui a fui l’agression sexuelle de son père et qui s’est retrouvée à faire le trottoir pour gagner sa vie a-t-elle consenti ? Une femme qui a appris les leçons sexuelles de l’inceste a-t-elle consenti à une sexualité dans laquelle elle ne peut avoir de plaisir que si elle n’a pas de pouvoir ? » (Cole, 1989) Une survivante de violences rituelles, qui a subi sa propre inquisition dans l’enfance, a-t-elle consenti à ce que les tortures sexuelles qu’elle rejoue à l’âge adulte déclenchent ses souvenirs d’adulte ? Il ne faut pas sous-estimer la capacité des mots à blesser. La menace de viol est étayée par des mots, des armes qui nous définissent comme des objets et qui nous disent que nous méritons tout ce qui nous arrive.
La haine de soi des femmes découle autant de l’agression verbale que de l’agression physique. La plupart des scènes sadomasochistes comportent une forme ou une autre de violence verbale. Lorsque ces mots vicieux sont prononcés dans un contexte d’excitation sexuelle, ils ont un impact puissant. Les mots sexuellement sadiques contribuent à la haine de soi des femmes. Les sadiques se contentent de parler de consentement, mais ignorent les systèmes de pouvoir qui créent l’inégalité et rendent impossible un consentement valable. Dans cette culture, nous n’avons aucune expérience de relations de pouvoir égales.
« Ce n’est pas la reconnaissance de l’emprise du sadomasochisme sur notre psychisme qui est en conflit avec le féminisme, ce qui nous pose problème, c’est le refus de réfléchir à sa signification politique » ( Fritz, 1983).
Une violence extrême se produit parfois au cours du « jeu » sadomasochiste. J’ai été informée de nombreux cas où les « safewords » (mot de sécurité pour arrêter le « jeu ») ont été ignorés au cours d’une « scène » sadomasochiste. Je sais également que des femmes sont mortes au cours d’activités sadomasochistes et que ces décès ne sont que chuchotés – ils ne sont pas ouvertement reconnus.


Mensonge n° 5 : Le sado-masochisme ne concerne que le sexe. Il ne s’étend pas au reste de la relation.
Le sadomasochisme a tout à voir avec le sexisme, le racisme et la classe sociale dans le monde réel. Il est très lié à la haine de soi intériorisée. Un membre de Samois a écrit :
« Être un bon bottom (soumis) [masochiste], plaire à ma maîtresse, est un sentiment très puissant. Les leçons que j’ai apprises dans mon lit, je peux les appliquer à d’autres aspects de ma vie et voir comment cela me rend puissant… apprécier chaque instant de ce que je fais ». (Linden et al., 1982)
Je vois les lesbiennes adopter la hiérarchie dominante/soumise que les féministes ont passé leur vie à essayer d’éliminer dans les relations hétérosexuelles. Tout comme le racisme et l’antisémitisme sont érotisés dans le sadomasochisme, la domination, le sexisme lui-même, est érotisé dans les relations sadomasochistes. La relation sexuelle sadique donne le ton pour le reste de la relation. Se soumettre et céder lors d’un désaccord, par exemple, devient un acte sexualisé. Et la violence physique réelle peut se produire, et se produit, comme une extension naturelle de l’inégalité de la relation sexuelle. Frapper quelqu’un est généralement un acte sadique.
Les agressions et les viols se produisent dans les relations lesbiennes – et ils sont normalisés par les modèles établis sexuellement. Les moqueries dominatrices et coercitives du sadique sont parfois imposées à nos communautés. En 1988, j’ai affiché un avis pour un atelier intitulé « Les effets des pratiques sexuelles sadiques/violentes sur les non-participants : un groupe de soutien ; fermé aux participants sadomasochistes et à leurs défenseurs ».
Alors qu’un petit groupe d’entre nous était assis par terre et discutait, six ou sept femmes munies de fouets sont venues se placer derrière nous, les bras croisés. Elles n’ont rien dit ; l’intention d’intimider était claire. Un autre exemple de l’effet envahissant du sadomasochisme sur une communauté s’est produit en 1990, lorsque les organisateurs d’un grand festival féminin ont écrit sur la façon dont l’activité sadomasochiste de certaines femmes porte atteinte aux droits d’autres femmes « de se déplacer librement et en toute sécurité, sans peur ni horreur ».
Mensonge n° 6 : La pornographie sadomasochiste n’a aucun rapport avec la société sadomasochiste dans laquelle nous vivons. « Si ça fait du bien, il faut le faire ». « Nous créons notre propre sexualité ».
Nous intériorisons les fantasmes sadomasochistes parce que c’est la sexualité que l’on nous a fait avaler depuis le jour de notre naissance. En tant que femmes, nous sommes élevées pour être des « bottoms » (soumises) : les lesbiennes « bottoms » ont tendance à être 10 fois plus nombreuses que les « tops » [sadiques].





« Ce qui est agréable » est largement construit par l’oppression sociale : le racisme, le sexisme, le classisme. Nous ne naissons pas avec une sexualité innée dont aucun élément n’est appris ou manipulé. Pourtant, de nombreux partisans libéraux de la propornographie nient toute relation entre le sadomasochisme et la violence dans le reste de notre culture. Il n’est plus possible d’ignorer l’effet causal de la pornographie sur la violence à l’égard des femmes.
Diana Russell a récemment publié un résumé des recherches sur les façons dont il a été démontré que la pornographie cause du tort aux femmes. (Russell, 1993) Je pense que son argument peut s’appliquer à la pornographie lesbienne exactement de la même manière : la pornographie, qu’elle soit hétéro ou lesbienne, favorise l’inégalité et érotise cette relation inégale. En fait, comme nos habitudes alimentaires, la sexualité est totalement conditionnable. Lorsque nous répétons les violences sadiques dans les fantasmes, la pornographie et les jeux sexuels, nous légitimons leur autorité dans notre propre esprit et nous pouvons finir par aider d’autres autorités dans notre vie à nous maintenir en esclavage par d’autres moyens. Le sadomasochisme est omniprésent dans notre culture – il suffit de jeter un coup d’œil sur votre lieu de travail, votre famille, votre église.
Mensonge n° 7 : Les lesbiennes « adeptes du sadomasochisme » sont féministes, dévouées aux femmes et à une communauté lesbienne exclusivement féminine. La pornographie lesbienne est « par les femmes et pour les femmes ».
Pat Califia a déclarée qu’elle préférerait être coincée sur une île déserte avec un garçon masochiste qu’avec une lesbienne vanille. Les femmes soumises sont considérées comme « génériques, interchangeables et remplaçables ». (Califia, 1992) Califia se consacre au rôle de sadique, et non à une préférence sexuelle particulière.
« Le sexe défini comme une marchandise [le sadomasochisme] conduit à un marché où le sexe de la prostituée et du client n’a aucune importance par rapport à la nature et au coût des services fournis. » (Clarke, 1993)
Si les lesbiennes qui sont « dans le sadomasochisme » se définissent elles-mêmes comme lesbiennes, leurs pratiques sadomasochistes sont bisexuelles. Je ne fais aucune critique politique de la bisexualité – ce que je critique, c’est la posture des sadomasochistes qui se présentent comme des membres lesbiennes dévouées de la communauté des femmes. La pornographie pseudo-lesbienne, c’est-à-dire les images de femmes qui imitent le comportement sexuel des lesbiennes, est un élément privilégié de la pornographie masculine hétérosexuelle depuis sa première publication. Elle se vend. Bien qu’elle soit souvent présentée comme étant détenue et distribuée par et pour des femmes, la pornographie « lesbienne » se vend très bien ( et majoritairement ) aux hommes hétérosexuels.
Mensonge n° 8 : Puisque les lesbiennes sont supérieures aux hommes, nous pouvons « jouer » avec le sadomasochisme d’une manière libératrice que les hétérosexuels ne peuvent pas.
Je ne pense pas que les femmes soient biologiquement supérieures aux hommes. En fait, je considère cette notion comme dangereuse et réactionnaire. “Anatomy is destiny” n’est pas exactement une idée féministe. Les attitudes et comportements sadiques et masochistes chez les lesbiennes sont en réalité un bon exemple de la façon dont nous intériorisons des idées violentes, comme tout le monde. Nous sommes séduites par la domination masculine – parce que nous voyons que c’est là que se trouve le pouvoir. Pourtant, nous nous berçons d’illusions si nous pensons qu’il est possible de « jouer » au violeur sans devenir le violeur.
Mensonge n° 9 : La reconstitution de la violence guérit la violence. Le sado-masochisme guérit les blessures émotionnelles causées par les agressions sexuelles subies dans l’enfance.
Ce mensonge me dérange vraiment. Un pourcentage très élevé de femmes « adeptes du sadomasochisme » ont subi des agressions sexuelles pendant leur enfance comparé aux femmes qui ne pratiquent pas le sadomasochisme.

Cependant, le sadomasochisme occulte la véritable douleur et les violences subies par les femmes. Comment faire la différence entre le « réel » et le « simulacre » lorsque quelqu’un a un flash-back et redevient un enfant au milieu d’une torture sexuelle « consensuelle » ? Certains ressentent une pulsion intense, voire compulsive, d’anéantissement sexuel qui s’exprime par des activités sadomasochistes reflétant les violences subies dans l’enfance.
L’idée selon laquelle le fait de passer à l’acte aide à guérir et à éliminer les violences découle de la théorie de la catharsis : faites-le une fois, sortez-le de votre système, et vous vous en remettrez. Rien ne prouve que la catharsis soit une solution aux conflits sociaux ou psychologiques, mais cette théorie est utilisée pour justifier la diffusion de la pornographie. La pornographie ne semble pas avoir servi de défouloir pour les hommes, libérant ainsi les femmes du viol. Au contraire, la pornographie semble avoir fonctionné comme une propagande en faveur du viol. La catharsis sado-masochiste ne semble pas non plus guérir les violences sexuelles : une femme a écrit :
« Après dix-sept ans [d’agressions sexuelles dans l’enfance], les lesbiennes que j’ai rencontré voulaient simplement faire plus ou moins la même chose. Je fais des cauchemars et j’ai des séquelles des deux. (Anonyme, 1990)
Le sadomasochisme est une répétition, et non une guérison, de l’agression sexuelle subie dans l’enfance. Certains ont suggéré que le sadomasochisme peut en fait créer une dépendance physiologique. J’ai entendu des femmes se décrire comme étant « en voie de guérison du sadomasochisme », de la même manière qu’elles parlent de dépendance à l’alcool. Peut-être que la dépendance physique à certains types de traumatismes commence par des réactions physiques complexes à des violences prolongées dans l’enfance, qui sont ensuite ravivées dans des relations sadomasochistes à l’âge adulte.
Mensonge n°10 : Le sado-masochisme est une dissidence politique. Il est progressiste et même « transgressif » dans la mesure où il enfreint les règles de l’idéologie sexuelle dominante.
Le fait que les sadiques et les masochistes se présentent comme « transgressifs » peut être déroutant pour ceux qui ne sont pas familiers avec la théorie féministe. Par définition, le but ultime du féminisme est de mettre fin au sadomasochisme. Notre système est sadomasochiste jusqu’à la moelle, en quoi le fait de le célébrer constitue-t-il une véritable rébellion ? (Fritz, 1983).

Les valeurs politiques du sadisme sont ouvertement antiféministes, totalitaires et de droite. Le sadomasochisme, c’est le business comme d’habitude ; les relations de pouvoir comme d’habitude ; la race, le genre et la classe comme d’habitude. Le sadomasochisme est une version rituelle de la domination et de la soumission. Le sado-masochisme n’est pas une déviation créative du comportement hétérosexuel « normal ».
C’est la qualité qui définit la relation de pouvoir entre les femmes et les hommes. Le sadisme est le prolongement logique du comportement qui découle du pouvoir masculin. (Wagner, 1982). Nous vivons dans un monde misogyne et les femmes ont si peu de pouvoir politique qu’il est plus facile de fantasmer sur un pouvoir personnel absolu que de s’organiser politiquement pour changer les choses. (Clarke, 1993). Plusieurs jeunes lesbiennes m’ont récemment dit que leurs fantasmes sur le sadomasochisme étaient leur « salut » dans un monde où elles ne voient aucune possibilité d’atteindre un pouvoir réel. Les gouines sadomasochistes jouent le pouvoir et le prestige dans un monde qui écrase toute tentative d’organisation en vue d’un pouvoir réel. Ce jeu nous aide à oublier à quel point nous sommes détestées et blessées. Et c’est cet oubli qui constitue le véritable danger.

Melissa Farley,
Psychologue clinicienne
Sources :
– Anonymous, letter to Lesbian Connection, January-February 1990, Vol. 12, Issue 4, page 11.
– Atkinson, Ti-Grace. Amazon Odyssey, 1974.
– Brown, Jan. “Sex, Lies, and Penetration, a Butch Finally ‘Fesses Up,” Outlook, 1990.
– Califia,Pat. “The Limits of the S/M Relationship,” in Outlook, Winter, 1992, pages 16-21.
– Clarke, De. “Consuming Passions: some thoughts on history, sex, and free enterprise,” in Unleashing Feminism: critiquing Lesbian Sadomasochism in the Gay Nineties,” (Irene Reti, ed.), 1993, HerBooks, Santa Cruz, CA.
– Cole, Susan. Pornography and the Sex Crisis, 1989.
– Dworkin, Andrea. Pornography: Men Possessing Women, New York, Putnam’s, 1979.
– Dworkin, Andrea. Woman Hating, New York, E.P. Dutton, 1974.
– Fritz, Leah. “Is there Sex after Sadomasochism?” Village Voice, Nov. 1, 1983, pages 24-25.
– Linden, Robin R.; Pagano, Darlene R.; Russell, Diana E.H.; Star, Susan Leigh (eds.) Against Sadomasochism, a Radical Feminist Analysis, 1982.
– Millett, Kate. Sexual Politics, New York, Doubleday, 1970.
– Morgan, Robin, Editorial, Ms., May-June, 1993, Vol. III, Number 6.
– Morgan, Robin. The Demon Lover: on the Sexuality of Terrorism, 1989
– Reti, Irene. “Remember the Fire: Lesbian Sadomasochism in a post-Nazi Holocaust World”, in Unleashing Feminism: critiquing Lesbian Sadomasochism in the gay nineties, (Irene Reti, ed.), HerBooks, Santa Cruz, CA.
– Russell, Diana E. H. Against Pornography: the Evidence of Harm, Russell Publications, 2018 Shattuck Ave., Berkeley, CA, 94704, 1993.
– Wagner, Sally Roesch, in Linden, et al, Against Sadomasochism, 1982.
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